Rencontre avec La Virevolte

Martin, ancien chercheur à l’université, est devenu libraire à La Virevolte depuis maintenant 3 ans. La Gonette l’a rencontré pour en apprendre plus sur La Virevolte, et leur lien avec la monnaie locale.

« Je dirai que l’identité de la librairie, elle est avant tout dans son ancrage local de quartier.« 

Pourquoi le choix de devenir libraire ?

J’étais pas du tout libraire à l’origine, je n’ai pas suivi de formation libraire. A la base j’étais chercheur à l’université et ce n’est pas ce que je voulais faire pendant toute ma vie finalement. Je me suis donc posé la question à un moment donné de sortir du monde académique et de me reconvertir. J’avais à l’origine envie d’ouvrir une librairie anglophone à Lyon mais on m’a conseillé de d’abord faire des stages. 

J’ai donc fait un stage ici en 2019. Je me suis très bien entendu et on s’est très bien trouvé avec le reste de l’équipe donc quand ils ont eu besoin d’une personne pour compléter l’équipe ils ont pensé à moi. Je suis entièrement investit dans mon nouveau travail de libraire et à La Virevolte.

C’est quoi la Virevolte ?

La Virevolte existe depuis un peu plus de 6 ans maintenant. C’est une librairie généraliste, c’est-à-dire qu’on s’adresse à tous les publics à la fois. Evidemment ceux qui cherchent de la littérature française ou étrangère mais on a aussi un gros rayon de bandes dessinées. On en est tous très fans, c’est quelque chose qu’on aime beaucoup lire et qu’on aime beaucoup faire partager. On a aussi un rayon polar et science-fiction, parce qu’on est tous de bons lecteurs de sciences fictions. C’est un rayon qui nous tient à cœur et puis on a beaucoup de livres de jeunesse que ce soit pour les plus petits ou les adolescents.

Quelles sont les spécificités et les valeurs attachées à la librairie ?

On est une librairie généraliste indépendante et ce qui nous démarque c’est qu’on aime beaucoup faire des animations, pour tout type de public. On organise des rencontres avec des auteurs et des autrices, des éditeurs ou des éditrices.

On organise aussi des diners dans la librairie ou on pousse les tables, on met une grande table, les gens viennent s’installer et rencontre l’auteur ou l’éditrice autour d’un repas. C’est très convivial. Il y a aussi des concerts, des ateliers de reliure, de dessins ou d’art plastique pour les enfants, des contes.

Quelque chose qui a vraiment marqué l’année de la librairie, ça a été la création du prix Virevolte. On a fait une sélection de 8 livres au début de l’année et tiré au sort des membres du jury et le prix sera remis dans les prochaines semaines.

Je dirai que l’identité de la librairie, elle est avant tout dans son ancrage local de quartier. On essaye de travailler beaucoup avec les écoles qui sont autour de nous, avec les autres commerçants mais les personnes qui sont par exemple investies dans le Vieux Lyon. On essaye de jouer notre rôle de librairie de quartier, au service de toutes les générations qui sont autour. 

On est aussi présent sur beaucoup d’évènement de plus grande ampleur, comme le Festival quai du Polar, qui s’est terminé à la fin du mois de mars. Des évènements organisés par la ville, la Maison internationale des écritures ou alors avec d’autres partenaires culturels autour comme le théâtre des nouvelles générations, la Maison des passages, etc… 

Donc voilà, on essaie de rayonner un peu au-delà du magasin lui-même, dans le 5ème arrondissement

Pourquoi avoir choisi de rejoindre la Gonette ?

On a adhéré à la Gonette assez tôt quand la librairie s’est ouverte. C’était un système qu’on connaissait déjà et je pense que pour nous ça a toujours fait beaucoup de sens, dans la même logique d’être ancré dans l’économie et la vie locale du quartier. Participer à faire vivre en quelques sorte les petits commerces indépendants comme les nôtres. 

Il y avait beaucoup de sens de ce côté-là, aussi, on défend des valeurs de solidarité, de partage des richesses, que les échanges économiques et sociaux fassent du sens. La Gonette s’inscrit pleinement dans ce registre-là en créant une monnaie alternative qui donne beaucoup plus de sens à nos échanges et qui leur apporte ce surplus en quelques sorte de valeur morale ou sociale.

En plus, on s’est rendu compte que finalement les gens étaient à la fois curieux de ce que c’était mais qu’on avait aussi beaucoup de clients qui connaissaient déjà très bien la Gonette et, qui étaient très heureux de pouvoir trouver une librairie qui l’accepte.

On n’est pas très nombreux finalement à Lyon, donc voilà, pour nous c’est une vraie plus-value. Ça correspond à nos valeurs, en plus c’est des gens très sympathique. On a des liens d’affinité avec l’équipe de la Gonette et avec leurs projets citoyen et économique.

Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?

Dans 10 ans j’espère que la librairie sera encore ici. C’est un peu un défi chaque année de faire vivre cet endroit qui est un peu menacé de toute part, et pas seulement par Amazon bien sûr. Le commerce du livre en ligne fait un gros point noir pour l’économie des libraires comme la nôtre. Il y a aussi une baisse de la lecture chez les jeunes, y a plein d’écrans, l’accès au divertissement digital. Tout ça fait en sorte que notre économie est toujours un peu précaire.

On est toujours un peu sur la brèche pour faire notre métier. Continuer à proposer des choses qui puissent inviter à la curiosité, à la découverte, à l’aventure, au réconfort et être des passeurs de livres, d’émotion qui nous, nous tiennent à cœur et qui ont besoin de nous aussi pour vivre, pour être montrés, pour être défendu. Donc le métier là de libraire il est précieux, parce que sans l’orientation, le guidage, le travail des libraires, certains livres merveilleux tomberaient peut-être plus rapidement dans l’oubli. 

J’espère que dans 10 ans non seulement on sera là, mais on sera encore plus visible, reconnu, que notre travail sera apprécié et que l’aventure à la fois de la Gonette et de La Virevolte continuera.