Géraud, salarié polyvalent de l’association partage l’aventure de Change de chaîne depuis plus de 6 ans. La Gonette l’a rencontré pour en apprendre plus sur cet atelier, et leur lien avec la monnaie locale.
C’est quoi Change de chaîne ?
Change de chaîne, c’est un atelier associatif de mécanique vélo participatif. L’idée en fait c’est qu’on propose à nos adhérents et nos adhérentes un endroit dans lequel ils peuvent réparer eux-mêmes leurs vélos. Donc on met, en échange d’une adhésion à prix libre, à disposition un local avec les outils, les conseils bien sûr et tout un tas de pièces d’occasion qui sont également à prix libre. L’idée c’est que les personnes apprennent à réparer leur vélo par eux-mêmes avec notre aide et avec notre matériel.
Cette année, on est à peu près entre 600 et 700 adhérentes, ça a réduit un peu parce qu’on a fermé 3 mois cet été pour des travaux d’agrandissement, donc ça a fait un peu chuter nos adhésions… avant on était plutôt à 800-900.
On suppose que si on reste ouvert cet été ça va revenir comme avant, voilà après on ne cherche pas spécialement à en avoir plus. 800-900, c’était déjà pas mal. Le but c’est que ça soit confortable pour tout le monde, qu’il n’y ait pas des files d’attente et que les gens se sentent à l’aise.
Pourquoi dans le quartier de Vaise ?
Parce qu’à la base les personnes qui ont créé l’association il y a 10 ans étaient toutes du quartier et qu’il n’y avait pas d’atelier. Le plus proche c’était dans les pentes à l’époque, et donc ces personnes se sont dit : c’est super il y a d’autres ateliers comme ça qui existent, le problème c’est que c’est trop loin. Pourquoi ne pas en faire un nous aussi ?
C’est pour ça que c’est resté à Vaise et pendant des années l’énergie venait des gens qui étaient dans l’association et qui habitaient le quartier donc ça avait du sens. C’est encore le cas, il y a quand même pas mal de nos bénévoles qui habitent le quartier et c’est pour ça qu’on est resté là. Et puis aussi parce qu’on est les seuls à Vaise, l’idée c’est de quadriller un peu tout Lyon.
Comment faites-vous pour récupérer des vélos ?
En majorité on va plutôt les chercher, mais on a quand même beaucoup de dons spontanés. Les gens viennent les déposer directement à l’atelier pendant nos heures d’ouverture ou en dehors des heures d’ouverture si on prend rendez-vous. On va aussi en chercher une partie, si c’est en quantité raisonnable, c’est-à-dire 5-6 vélos, on peut aller les chercher un vélo cargo. On a 2 vélos utilitaires à l’association pour récupérer des vélos, mais aussi emmener tous nos déchets à la déchetterie. Après si ce sont des récupérations de 40 vélos d’un coup, là, pour le coup, on a un camion !
On trouve les vélos par le bouche à oreille. On commence à être connus quand même et on est aussi pas mal connu sur le fait qu’on récupère des vélos. On récupère des dons de vélo, pour qu’ils puissent être utilisés soit en tant que tel, soit en pièces. Après on est connus aussi du point de vue de la Métropole parce qu’on participe aux donneries.
Dans les déchetteries du Grand Lyon, maintenant, il est possible depuis quelques années de donner des objets, plutôt que de les jeter, et les vélos en font partie. Donc c’est par ce dispositif là on en récupère une partie, mais on peut aussi en prendre via d’autres conventions, avec des déchetteries en dehors du Grand Lyon. C’est surtout de la récupération, et les particuliers qui nous contactent ou qui viennent directement ici.
Quelles sont les spécificités et les valeurs attachées à cette association ?
Comme je le disais tout à l’heure nous on fonctionne d’un point de vue financier essentiellement sur le prix libre : notre adhésion est à prix libre, nos pièces d’occasions sont également à prix libre. Il n’y a que nos pièces neuves qui sont à prix fixe et les vélos qu’on vend déjà réparés.
Pour nous, le prix c’est une des valeurs qui définit l’association parce qu’on a envie d’être accessibles à tous et à toutes quelles que soient les moyens financiers. On a aussi envie de faire réfléchir un peu les gens sur quelle est vraiment la valeur des choses. Nous, tout ce qu’on récupère ici, tout ce qui appartient à l’association, c’est-à-dire les vélos, les pièces détachées d’occasion, tout ça nous a été donné : on n’a rien acheté.
On aime bien faire réagir les gens sur la valeur des choses en leur disant : “bah nous on n’a rien acheté, par contre on a donné de la valeur potentiellement en démontant les pièces des vélos. Ça nous a pris du temps de récupérer les vélos, de démonter les pièces, de les trier, de les mettre dans la bonne case pour que les gens puissent les retrouver. C’est tout ça, c’est ce qui donne la valeur de l’objet. Ce n’est pas l’objet en lui-même, c’est tout ce qui a été fait derrière qui vient de sa valeur.” Nous on ne l’a pas acheté, donc on aime bien faire réagir les gens sur, voilà c’est à vous maintenant, vous êtes acteur, actrice de ce que vous consommez. Du coup ça contient vraiment le prix libre du fait de son accessibilité et du fait de faire réfléchir un peu les gens sur quelle est la valeur des choses.
Pourquoi avoir choisi de rejoindre la Gonette ?
Dans nos valeurs il y a aussi l’économie circulaire et notamment locale. On avait une idée de dire que l’aspect financier est important pour nous, d’où le prix libre et du coup rajouter le côté monnaie locale ça avait du sens pour nous.
Comment vous voyez-vous dans 10 ans ?
Je ne sais pas si je suis le plus légitime à répondre à cette question parce que nous on fonctionne par principe de l’administration collégiale. Moi en tant que tel je ne peux pas prendre la responsabilité de dire où ça serait. J’espère juste que dans 10 ans l’association sera toujours là, quelque part, que ce soit ici ou dans un autre local.
J’espère qu’elle perdurera, qu’elle donnera aussi envie à d’autres personnes de créer d’autres associations comme la nôtre dans tout Lyon et dans toutes les villes de France.
Cet été on a déjà eu un gros projet qui était d’agrandir notre local, on a récupéré un gros tiers du bâtiment parce qu’on n’avait pas l’entièreté du bâtiment avant. Ça c’est déjà très très bien et maintenant faut l’aménager en permanence le local. Pour l’instant, les énergies disponibles ne sont vraiment disponibles que pour cet atelier.
Je serais ravi que d’autres personnes veulent monter leur propre atelier, avec leur propre identité. L’idée aussi ce n’est pas de faire des clones de tous les ateliers, que chaque atelier ait son identité propre, ses valeurs qui les animent. C’est tant mieux s’il y a d’autres personnes avec d’autres idées qui veulent faire un autre atelier !