TÉMOIGNAGE DE benoît et odysseas, CO-gérants de toutenvélo lyon

Benoît et Odysseas font partie du réseau Toutenvélo qui existe déjà depuis 10 ans dans d’autres villes en France. Aujourd’hui ils sont co-gérants de Toutenvélo Lyon, la Gonette est allée à leur rencontre pour en apprendre un peu plus…

Est-ce que vous pouvez vous présenter ? Qui êtes-vous, quel est votre rôle dans l’association ?

Benoît : Je m’appelle Benoît Kieffer, cofondateur et co-gérant de Toutenvélo Lyon. Je suis de formation ingénieur, j’ai évolué dans le monde des grands groupes à la Défense à Paris et à un moment j’en ai eu ras le bol. Je voulais faire quelque chose dans le vélo qui soit utile et concret, et qui participe à la transformation urbaine, notamment dans un enjeu de redirection écologique. Je passe tous les détails de la démarche, mais j’en suis arrivé à la conclusion que lancer une entreprise de cyclo logistique était une bonne idée. Je voulais aussi que ce soit dans un modèle social, vertueux et si possible un peu innovant. Être un peu à contre-courant des pratiques les plus courantes dans les entreprises aujourd’hui, d’où la création en Scop. Sachant que la création en Scop est aussi liée au fait de rejoindre le réseau Toutenvélo. Le modèle Toutenvélo, c’est d’être des SCOP, des sociétés coopératives et participatives.

Odysseas : Je m’appelle Odysseas, moi je viens plutôt d’école de commerce et j’ai majoritairement travailler dans la tech ou en start-up, à Paris aussi. Le COVID a appuyé mon souhait de partir de Paris. J’ai grandi pas très loin de Lyon, je voulais donc rentrer dans la région. Ça faisait longtemps que j’avais un projet de création d’entreprise, sans forcément savoir quoi faire et quand me lancer, le COVID m’a fait me dire que c’était le bon moment. Peu avant j’ai travaillé chez une SSII qui abordait des thématiques de transport. Ça m’a fait prendre conscience qu’il y avait une vraie problématique sur le dernier kilomètre, la logistique en ville. Je suis pratiquant de vélo depuis longtemps, donc assez naturellement, je me suis dit, bah pourquoi ne pas associer une pratique sportive avec mon envie de créer une entreprise ?

Pourquoi travailler à Toutenvélo ?

Odysseas : J’ai commencé à travailler seul, assez rapidement j’ai découvert l’appel à projets Toutenvélo. J’ai candidaté et le réseau m’a mis en relation avec Benoît. On ne se connaissait pas à la base et on a passé plusieurs mois à bosser un projet commun du coup.

Benoît : En fait Toutenvélo aujourd’hui ce sont plusieurs choses. Ce sont déjà des Scops dans une dizaine de villes en France, la plus ancienne étant à Rennes qui a été créée il y a 10 ans. Il y a donc ce réseau de Scops qui aujourd’hui est animé par une SCIC, une Société Coopérative d’Intérêt Collectif. La SCIC Toutenvélo a un rayonnement national et anime ce réseau de Scop locales, elle a aussi une activité de conception, de fabrication de remorque notamment.

Chaque année, ou à peu près, la SCIC Toutenvélo, lance un appel à candidature pour trouver des porteurs et des porteuses de projets dans des nouvelles villes où Toutenvélo n’est pas encore existant, implanté. On a donc répondu, comme disait Oydsseas, chacun de notre côté à Lyon avec 2 projets, on avait chacun notre projet, et tout ça nous a mis en relation.

Est-ce que vous êtes totalement dépendant du réseau ou pas du tout ?

Benoît : On est indépendant en fait, on est sociétaire de la SCIC donc on a des parts, on se fournit en partie sur le matériel à la SCIC sans obligation cela dit. Maintenant, sur les décisions opérationnelles qui concernent notre activité à Lyon, on fait plus ou moins ce qu’on veut tant qu’on reste cohérent avec l’objet de Toutenvélo. A savoir être une Scop, éviter de faire du camion et avoir un modèle social vertueux.

Odysseas :  Mais chaque SCOP est indépendante dans son activité, la SCIC n’a pas vraiment de regard dessus. C’est une forme de contrat de franchise, mais en mode un peu ESS.

Ça consiste en quoi Toutenvélo concrètement ?

Benoît : Toutenvélo Lyon, notre activité, c’est de transporter des trucs, c’est de faire du transport de marchandises, c’est ce qu’on appelle la cyclologistique. La partie la plus visible et facile à illustrer c’est le transport de marchandises d’un point A à un point B. Ça peut être donc la livraison, ça peut être de la collecte. Après, dans la logistique, il y a aussi le côté gestion d’entrepôt. Donc on a aujourd’hui des entrepôts sous la forme de garage. On peut proposer du stockage tampon, du stockage déporté, c’est-à-dire proposer à des clients de stocker leurs marchandises pour qu’on puisse ensuite déclencher des livraisons vers leurs clients, à la demande. Dans la logistique, on peut définir plusieurs activités : entreposage, stockage, préparation de commande et ensuite toute la partie purement transport, organisation du transport. Aujourd’hui ce qu’on fait le plus, ça reste le transport en lui-même, mais on essaie de travailler avec nos clients pour aller un peu plus loin sur la chaîne logistique.

Vous transportez quoi ?

Odysseas : Ça peut être très diversifié. On peut transporter des choses classiques, type du colis à du particulier, comme on peut faire du déménagement, ce qui est un peu la saison en ce moment. Donc là, on va transporter des frigos, des lave-vaisselles, on va jusqu’à 300 kilos sur les remorques. On transporte de l’alimentaire sous température dirigée, donc avec des contrôles de température, un process, une chaîne du froid à respecter. On peut transporter des plantes, on peut transporter de la consigne, donc du verre réutilisé ou du carton. C’est très divers, on ne se limite pas aujourd’hui. La seule limite qu’on a, c’est notre créativité et la pertinence.

Benoît : Sachant que ça c’est ce qu’on fait. Pourquoi on le fait, quel est notre objectif, notre raison d’être ? C’est de remplacer les camionnettes, tout simplement. C’est de se dire que des flux qui sont gérés aujourd’hui en camionnette, si en fait on peut les faire en vélo, faisons-le à vélo.

Vous travaillez pour les professionnels et les particuliers ?

Benoît : On va principalement travailler avec des pros, des entreprises. Ça peut être des entreprises qui ont des livraisons à faire chez des particuliers ; par exemple, la livraison de plantes dont parlait Odysseas. On travaille avec la Société Protectrice des Végétaux, qui est aussi adhérente du réseau de la Gonette. Là, ça arrive régulièrement, qu’on aille livrer des plantes chez des particuliers ou qu’on collecte des plantes chez les particuliers pour les ramener à la SPV. Mais le gros de nos flux aujourd’hui, ça va rester quand même plutôt du BtoB, donc des flux entre professionnels. 

Odysseas : Nos donneurs d’ordre sont des pros, sauf les déménagements où là on fait à la fois du déménagement pour les pros et les particuliers, mais là on a du particulier qui nous sollicite directement.

Pourquoi avoir choisi de prendre la Gonette ?

Benoît : La Gonette, pour nous, ça s’inscrit dans notre volonté d’être dans un ancrage local, qui est aussi inscrit dans notre raison d’être. Je ne l’ai pas dit en entier, mais notre raison d’être c’est de remplacer la camionnette et être une entreprise ancrée localement qui s’inscrit dans ce tissu économique locale au service du territoire. 

La Gonette a un peu cette même approche mais avec la partie monnaie, donc c’est assez complémentaire. Nous on gère les flux physiques, locaux, la Gonette va gérer les flux monétaires, financiers, locaux donc c’est un bon complément. Quand on regarde le réseau des autres entreprises qui appartiennent à la Gonette, y a plein de d’entreprises où on sait qu’on partage un certain nombre de valeurs. On a des valeurs communes, environnementales, sociales etc … donc c’est hyper intéressant d’être dans cette communauté, cet écosystème, engagé à Lyon.