Situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ?

À l’heure où des mesures exceptionnelles sont adoptées pour faire face à la crise sanitaire, un petit état des lieux sur le plan économique et financier s’impose.  

  • La Commission Européenne a annoncé la suspension des règles de discipline budgétaire de l’UE – mesure qui permettra aux États de dépenser autant que nécessaire pour lutter contre les conséquences du COVID-19
  • Nos politiques ont arrêté de faire des pronostics sur l’ampleur de la récession à venir  (l’Allemagne prévoyant une contraction du PIB de 5%)
  • La Banque Centrale Européenne annonce un plan d’aide supplémentaire de 750 milliards d’euro aux États membres (achat de dettes des Etats de de la zone euro), finance directement les entreprises privées (achat de dettes) et indirectement en finançant à des taux de -0,75% les banques pour couvrir jusqu’à la moitié de leur crédit (les prêts des Grandes entreprises et PME leurs coûtent ainsi moins cher)

  Les grandes entreprises européennes ont, elles, répondu présentes en activant leurs chaînes de production pour produire masques, gel hydroalcoolique et respirateurs artificiels – indispensables à nos services de santé – mais s’apprêtent tout de même à verser quelques 359 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires (dont 60 milliards pour les actionnaires du CAC 40, correspondant aux gains 2019), à moins que les États légifèrent et ne leur interdisent*.

L’occasion de s’interroger sur la pertinence du système monétaire actuel (centralisé et descendant) et des règles qui régissent la création, le stockage et les échanges de la monnaie :

  • L’essentiel des mesures chocs citées ci-dessus vont essentiellement être financées par le crédit (création monétaire) et ces mesures ont été prises pour le bien commun : les règles qui régissent la création monétaire ne devraient elles pas TOUJOURS n’avoir que pour SEUL OBJECTIF l’intérêt général ? Et plus largement, si les règles évoluent pour faire face à une crise sanitaire, ne serait-il pas avisé de faire de même pour faire face au changement climatique, réduction des inégalités sociales … ?
  • Les entreprises vont donc contracter des prêts à taux d’intérêts positifs pour compenser l’effet de la crise sanitaire, mais auront tout de même à rembourser ces emprunts, en plus des précédents, ce qui risque de rendre la reprise plus difficile
  • On peut aussi se poser la question de l’échelle de la politique monétaire ? La meilleure réponse est elle locale, régionale, nationale ou supranationale ? Cet échelon est il le même en temps normal et en temps de crise ?
  • Est-il toujours pertinent de mesurer la valeur créée avec le PIB ? On note des élans de solidarité à travers tout le territoire, élans de solidarité bénévoles, et qui n’ont donc aux yeux du PIB, aucune valeur
  • Ces 359 milliards de dividendes illustrent à nouveau à quel point les règles de stockage et d’échange de la monnaie sont faussées : ces entreprises nous diront probablement d’ici quelques mois qu’elles doivent « réduire leur activité » dû à la contraction de l’économie. Ne pouvaient-elles pas conserver ces milliards en réserves ou les distribuer à leurs salariés, qui seront les premiers à pâtir de cette réduction d’activité ? Une gouvernance partagée, sur le modèle des SCOP ou les salariés sont propriétaires de leur outil de travail aurait elle abouti au même résultat ?

Faisons de la monnaie un bien commun au service de l’intérêt général et du bien vivre !     Emeric Daswani     Pour bien comprendre les plans annoncés par la BCE et les gouvernements :

Sources :

Emeric Daswani