Mon empreinte carbone partie 1: Le Constat

« Je m’appelle Sarah, j’ai 35 ans et je suis mariée à Ludovic que j’ai rencontré au cours de mes études en agronomie à l’Isara (Institut Supérieur d’Agriculture Rhône Alpes), une école d’ingénieurs lyonnaise. Mon diplôme en poche, j’ai débuté ma carrière dans un grand groupe implanté localement, en charge de l’homologation de nouveaux produits phytosanitaires en vue de leur mise sur le marché. C’est après la naissance de ma fille cinq ans plus tard que j’ai commencé à faire l’expérience de la désormais fameuse « dissonance cognitive », sentiment ressenti lorsque j’ai réalisé que mon job entrait de plus en plus en contradiction avec mes convictions.

Bien qu’ayant toujours été sensibles à l’écologie, Ludovic et moi avions réellement commencé à changer notre mode de vie après la venue au monde de notre petite Léa. Ma réorientation professionnelle en 2021 fut le point d’orgue de ce cheminement qui avait débuté avec les écogestes (chauffage baissé, zéro déchet, compost, couches lavables…). Par la suite, nous avions poussé notre engagement jusqu’à intégrer un projet d’habitat participatif, renoncer aux voyages en avion, à la voiture… Bref, nous étions de plus en plus vertueux !

Aussi, c’est en toute confiance que, lors du Salon Primevère1 2024, nous nous prêtons au jeu proposé sur le stand d’Oxfam2 qui consiste à calculer notre empreinte carbone3. Les questions défilent et tout va bien : alimentation végétarienne, bio, locale, logement à énergie positive, fringues achetées en friperie… On coche toutes les cases !

Et puis survient une question que je n’avais pas vu venir concernant ma Banque et mes placements financiers. Même si je travaille désormais à temps partiel à l’INRAE4, mon salaire est toujours confortable et le poste de Ludovic (agrégé à l’Université) lui permet également de bien gagner sa vie. Nos revenus avoisinent les 6000€ mensuels et sont domiciliés au Crédit Agricole me concernant et à la Société Générale pour Ludovic. Pour le reste, compte tenu que notre mode de vie nous a amené à consommer de moins en moins, nous avons pas mal économisé en vue des études de Léa, de notre retraite… et, malgré notre jeune âge, nous possédons déjà pas loin de 80 000€ d’épargne.

La moulinette tourne et mon interlocutrice d’Oxfam m’annonce que mon empreinte carbone est de l’ordre de 56 tonnes de Co2 émis par an, quand la moyenne française est d’environ… 9 tonnes !!!

Devant ma mine interloquée, la jeune bénévole met face à moi un graphique qui montre que les émissions liées à mon mode de vie sont grosso modo de 4 tonnes (soit moitié moins que la moyenne), mais que tout le reste est imputable à l’argent que nous laissons entre les mains des établissements bancaires qui le gèrent ! Nos efforts sont en quelque sorte réduit à néant !!! ».

Vous vous en doutez, Sarah et Ludovic sont un couple fictif, c’est vous, c’est moi… Bref, des citoyens lambda soucieux de ne pas impacter la planète, de faire leur part et d’essayer de faire en sorte que les choses bougent. En revanche, le calcul de l’empreinte a été fait au plus proche du supposé mode de vie de notre jeune couple sur ce site (développé par l’ADEME5, beta.gouv.fr et l’Association Bilan Carbone).

Quant au calcul de l’empreinte carbone des 80 000€ détenus en Banques, il a été réalisé de façon simplifiée avec le calculateur d’Oxfam. C’est un calculateur basique qui ne donne accès qu’aux 6 plus grandes Banques françaises et qui ne fait aucune distinction selon que votre épargne est investie sur un Livret A, un plan d’Epargne Logement, une Assurance-vie ou un compte titres.

Bref, il donne une première idée de l’impact, mais, pour aller plus loin, je vous recommande vivement de télécharger l’application Rift recommandée par l’Ademe. Cette application vous permet de recenser tous vos produits bancaires dans tous les établissements et en calcule l’empreinte carbone… mais ne s’arrête pas là ! Vous savez ensuite ce que finance précisément votre argent, allant du logement social… aux énergies fossiles ou à l’armement (à ce titre, voir le projet d’affectation d’une partie des dépôts du Livret A à l’industrie de la Défense6).

Après ce premier constat, nous vous expliquerons dans un second épisode pourquoi et comment l’épargne sert le plus souvent des projets climaticides, avant d’aborder dans un troisième volet l’aspect des « solutions » qui vous permettront de reprendre le pouvoir sur votre argent et d’agir dans le sens d’une finance écologiquement et socialement transparente, juste et solidaire…

En attendant, à vos moulinettes !

Sources

  1. Grand Salon de l’écologie ayant lieu chaque année à Lyon
  2. https://www.oxfam.org/fr (Oxfam France est une organisation qui agit pour une société plus juste et plus solidaire)
  3. L’empreinte carbone est un indicateur qui vise à mesurer l’impact d’une activité sur l’environnement, et plus particulièrement les émissions de gaz à effet de serre liées à cette activité. Elle peut s’appliquer à une personne (selon son mode de vie), à des ménages, à une entreprise (selon ses activités), un territoire, ou encore à des produits. La notion d’empreinte carbone est parfois confondue avec celle de l’empreinte écologique. La seconde, dont le CO2 n’est qu’une composante, couvre un spectre plus large. L’empreinte écologique s’exprime en surface de terre productive requise pour produire les biens et services que nous consommons et absorber les déchets qui en découlent. Son utilisation la plus parlante – et couramment utilisée dans les médias – est le nombre de Terres nécessaires pour absorber nos modes de consommation. Ces données permettent ainsi de comparer les modes de vie des citoyens (d’un pays à l’autre par exemple). Et se représenter plus facilement le mode de vie à adopter pour respecter le renouvellement des ressources naturelles de notre planète. Source https://www.hellocarbo.com
  4. Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. A noter que de nombreux chercheurs de l’INRAE sont à l’origine, avec leurs collègues du CNRS, du Mouvement Scientifiques en Rébellions qui regroupe des scientifiques pratiquant la désobéissance civile, partant du constat que leurs publications ne sont pas prises en compte par les gouvernants et que seule l’interposition de leurs corps permet de désormais d’alerter sur l’impasse dans laquelle nous engagent les politiques gouvernementales. https://scientifiquesenrebellion.fr
  5. Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie
  6. https://www.economiematin.fr/livret-armee-investissement-franacaise