A quoi ça sert ?

Et si votre argent…

… Vous donnait le pouvoir de décider ?

Alors que nous n’avons aucun mot à dire sur la gestion de l’euro, à La Gonette, c’est l’inverse.

La monnaie locale est gouvernée démocratiquement par les différents acteurs du territoire : habitants, commerçants et associations, collectivités, fondateurs, salariés, experts et institutions.

Tous les adhérents à La Gonette ont leur place dans l’un ou plusieurs de ces collèges : 1 adhérent = 1 voix dans l’un des 7 collèges. Ces derniers se réunissent tous les ans pour décider de la manière dont La Gonette doit se développer et intervenir.

Dans cette perspective, la monnaie n’est pas une fin en soi mais un outil au service de l’intérêt général et des besoins du territoire. Ce fonctionnement démocratique s’applique également au quotidien de l’association : les décisions prises en réunion sont prises au consentement. C’est-à-dire que ces décisions sont prises quand les éventuelles objections sont levées. Ainsi, toute l’équipe avance ensemble, dans la même direction.

… Favorisait uniquement l’économie locale ?

Tandis que l’euro finit tôt ou tard sur les marchés financiers ou dans un paradis fiscal, la Gonette ne peut être ni mise en banque, ni sortir du territoire lyonnais. En effet, lorsque vous payez votre boulanger en euros, ce dernier paiera quelqu’un à son tour, qui déposera ces euros en banque ou qui les dépensera dans une structure qui les fera partir dans la sphère spéculative. À partir de ce moment-là, ni vous, ni votre boulanger, ni les autres acteurs de votre territoire n’y ont accès. L’euro circule alors sur un marché virtuel auquel seuls des experts ont accès : banques, traders, États, grandes entreprises…

Mais pendant ce temps : comment font les acteurs du territoire pour échanger et subvenir à leurs besoins ?

La Gonette est une partie de la solution à cette dérive : la monnaie locale est vouée à circuler sans cesse sur le territoire lyonnais, alimentant les acteurs du territoire et leurs besoins. C’est en circulant, et d’autant plus, sur un territoire local, que la monnaie crée de la richesse !

… Finançait des projets éthiques ?

Pour chaque Gonette en circulation sur le territoire, il y a un euro placé sur un compte en banque éthique : c’est ce que nous appelons un fonds de garantie. Ce fonds est placé dans les deux banques les plus éthiques en France : la Nef, qui finance des projets à plus-value culturelle, sociale et environnementale et le Crédit Coopératif qui investit dans des projets de l’Économie Sociale et Solidaire.

Concrètement, lorsque 100€ sont changés en 100G voici ce qu’il se passe :

  • Ces 100 euros constituent d’une part, le fonds de garantie pouvant rembourser les Gonettes en circulation dans le cas où l’association venait à disparaître. D’autre part, ces 100€ servent de base que la banque fait fructifier pour financer des projets éthiques.
  • De l’autre côté, les 100 Gonettes vont pouvoir être utilisées auprès d’acteurs locaux et engagés dans la transition et celles-ci circuleront sans cesse sur le territoire lyonnais alimentant un réseau de valeurs.

En utilisant la Gonette, le pouvoir de la monnaie est donc doublé de manière vertueuse.

De plus, depuis 2018, La Nef s’engage à financer les projets du territoire de chaque monnaie locale partenaire à hauteur minimale du montant du fonds de garantie placé sur un livret, multiplié par deux. Par exemple, si une monnaie locale place 10 000€, la Nef s’engage à prêter 20 000€ à un projet écologique, social et/ou culturel de son territoire.

… Soutenait les entreprises, commerces et associations engagés dans la transition ?

En rejoignant le réseau de La Gonette, les entreprises et associations partenaires peuvent prendre part à la gestion démocratique d’une monnaie au service de l’intérêt général et de leurs besoins et peuvent peser dans les décisions prises.

Ils participent au financement de la transition écologique et solidaire grâce au change effectué, affirmant concrètement leur soutien à une économie locale et vertueuse. Ils bénéficient d’un réseau de plus de 315 professionnels engagés pour les mêmes valeurs : des rencontres sont régulièrement organisées et des opportunités commerciales y naissent, créant une communauté de professionnels qui se connaissent. Par ailleurs, La Gonette s’engage à les mettre en lumière auprès du plus grand nombre : ils sont référencés sur une cartographie et un annuaire organisé par secteur d’activité et sont régulièrement mis en avant sur les réseaux sociaux.

Enfin, depuis le 1er confinement en mars 2020, les partenaires de La Gonette peuvent bénéficier d’un prêt à taux zéro, à hauteur de 1500 gonettes par structure en cas de difficulté économique. Au total et à la hauteur de ses moyens, La Gonette met à disposition 30 000 gonettes en apport de trésorerie pour son réseau de partenaires.

… Devenait vecteur de lien social et de résilience ?

Grâce au réseau construit : 1500 adhérents particuliers et plus de 315 partenaires professionnels se reconnaissent et se connaissent. Un réseau d’acteurs engagés est mis en lumière et une confiance est établie. Un fléchage de la consommation est exercé vers les professionnels partenaires créant un terreau favorable à la création de nouveaux liens sociaux et économiques.

Par ailleurs, si l’euro venait à perdre de sa valeur et devenir temporairement inaccessible lors d’une prochaine crise économique mondiale, nous pourrions décider ensemble d’accorder notre confiance dans notre monnaie locale et continuer d’utiliser la Gonette pour maintenir les échanges et les activités économiques sur le territoire lyonnais, indépendamment du contexte extérieur.

Permettait à tout le monde de comprendre comment fonctionne l’économie ?

La sensibilisation et l’éducation aux enjeux monétaires est un objectif central et essentiel à La Gonette. Accompagner les citoyens dans la compréhension des liens entre monnaie, écologie et bien-être social est nécessaire pour construire un projet de démocratie monétaire sur le territoire lyonnais. En effet, pour permettre au plus grand nombre de prendre part au fonctionnement démocratique de La Gonette et prendre conscience de l’influence des règles monétaires sur nos choix sociétaux, la pédagogie et la formation sont indispensables.

Pour cela, La Gonette organise depuis 2015, 10 formations mensuelles par an, gratuites et ouvertes à tous, pour appréhender les problématiques du monde économique et financier et les solutions apportées par les monnaies locales. Au total et depuis 2015, ce sont près de 1000 personnes qui ont participé à une formation. L’association intervient également au sein des lycées et des écoles supérieures pour former des étudiants, mais aussi auprès de ses partenaires professionnels et des MJC. A ces formations doit s’ajouter une présence sur près de 150 événements par an pour être au contact de différents publics.

Notre histoire

C’est en 2011 que des citoyen.ne.s commencent à réfléchir au projet. Et c’est le 7 novembre 2015 que la monnaie fut lancée ! Le projet de La Gonette est composé de plusieurs facettes : économie locale, finance éthique, démocratie participative et éducation populaire. L’objectif du projet est la mise en place d’une démocratie monétaire sur le territoire lyonnais. Comment ? En incluant tous ses acteurs : entreprises, habitant.e.s, collectivités locales, institutions et associations. La Gonette souhaite mettre une monnaie locale complémentaire au service de l’intérêt général et des besoins du territoire.

Comme de nombreuses monnaies locales, La Gonette est donc vouée à devenir une banque territoriale. Grâce à une gouvernance démocratique et horizontale, chacun des acteurs y a sa place et est invité à participer à la politique monétaire de son territoire. Décidons ensemble pour quoi cette monnaie locale circule et ce qu’elle finance. La Gonette est un outil monétaire commun.

La Charte de valeurs

La vision

  • Nous voyons l’argent comme un outil au service de l’Humain au sein d’une économie réelle, libérée des marchés financiers.
  • Nous considérons que la monnaie doit contribuer à l’harmonie entre l’Humain et la Nature.
  • Nous croyons à l’émergence de l’abondance à travers les échanges, vraie source de richesses.
  • Nous souhaitons vivre une expérience collective portée par La Gonette qui donnera un sens réel à l’économie.

Les principes

  • Local : Nous nous inscrivons dans un réseau vivant porteur d’une démarche citoyenne, dans le but de relocaliser des échanges économiques sur la région lyonnaise.
  • Social : Nous  coopérerons dans un esprit de solidarité et d’équité pour tisser un lien social juste et chaleureux.
  • Humain : Nous sommes, ensemble, des acteurs de l’émergence de richesses humaines, dans un esprit de bienveillance.
  • Écologique : Nous agissons avec la volonté de respecter la Terre et le monde Vivant.

Pour aller plus loin…

La monnaie Quésaco ?

Alors que la monnaie est omniprésente dans toutes les sociétés humaines (oui, oui, toutes !), elle reste un objet de débat (qui n’arrive pas à mettre d’accord les économistes entre eux) toujours réactualisé. 

La monnaie prend et a pris dans l’histoire de multiples formes. Des coquillages en Mélanésie aux billets de banque, en passant par les pièces en bronze, en argent et or au Moyen-Age, la monnaie peut néanmoins se définir par certains de ses invariants.

Tout d’abord, on peut s’appuyer, de manière pompeuse, mais cependant toujours utilisée, sur la définition d’Aristote. La monnaie est alors définie à travers ses trois fonctions : unité de compte, réserve de valeur et intermédiaire des échanges. 

  • Unité de compte : la monnaie permet de valoriser une unité économique (un bien, un service, du travail, etc.)
  • Réserve de valeur : la monnaie préserve le pouvoir d’achat dans le temps ; elle peut donc être thésaurisée (épargnée)
  • Intermédiaire des échanges : la monnaie permet de faciliter les échanges de biens et services.

Si cette approche est contestée par une partie des économistes aujourd’hui, la monnaie peut alors s’entendre davantage comme un moyen d’éteindre ses dettes. Dès lors, la monnaie permet de briser un lien d’endettement, alors qu’elle crée simultanément du lien social en intégrant les individus dans une même communauté. 

La monnaie tombe-t-elle du ciel ?

Certain.e.s en rêveraient !

Cependant, la monnaie est émise principalement par les banques commerciales (chez qui vous avez un compte) et, dans une moindre mesure, par les banques centrales – en Europe, la Banque Centrale européenne (BCE).

Contrairement à certaines idées reçues, la monnaie émise par les banques commerciales ne provient pas de l’argent des autres clients possédant une épargne. La monnaie est créée d’un simple trait de plume, ou d’une simple ligne informatique pour être plus actuel, lorsqu’un individu contracte un prêt.

Les banques centrales émettent quant à elle une monnaie dite centrale qui est principalement utilisée par les banques commerciales lorsqu’elles se font des prêts mutuels, mais cette monnaie centrale est également accessible aux citoyen.ne.s par l’intermédiaire des pièces et des billets. Cette monnaie est appelée monnaie publique. Elle tend à disparaître avec la diminution des paiements en liquide (remplacés par le paiement sans contact, par virement, ou autres méthodes mobilisant votre compte courant). Cela augmente de ce fait la main-mise du secteur bancaire privé sur la sphère monétaire. 

La monnaie émise depuis les années 1970 ne repose plus sur une contrepartie matérielle, tel que l’or. Depuis, la monnaie voit sa valeur et son acceptation par la population être garanties par la seule confiance dans le régime monétaire.

Or, le régime monétaire participe tout autant à véhiculer une certaine conception politique et épouse la morphologie du système économique – et donc, ses défaillances à prendre en compte intégralement les besoins sociaux et environnementaux des populations et de leur cadre de vie. 

Mais alors, si la monnaie est tant liée au système économique, ne peut-on s’en passer ?

Il s’agissait du vieux rêve des économistes socialistes du XIXe., notamment en France. Néanmoins, si la monnaie n’est pas indissociable d’une société marchande (elle la précède), il est difficile de trouver des sociétés fonctionnant sans elle. Dès lors, la monnaie pourrait être libérée du banc des accusés, ce qui permettrait alors de penser les enjeux socio-économiques et les difficultés à résoudre sous des prismes alternatifs.

Dans ce cadre, des acteurs et actrices s’engagent et militent pour changer le système économique. L’une des possibilité est de se saisir des outils économiques en transformant leurs usages premiers. Les monnaies locales convertibles apparaissent dans cette perspective.

Elles se déploient en France depuis les années 2010. 

Ces textes « pour aller plus loin » ont été rédigés par Nicolas Laurence, socio-économiste de la monnaie et bénévole pour La Gonette